Chapeau bas mesdames


Cette année en mai, une page d’histoire se tournera alors que L’Amicale de l’école d’infirmières de l’hôpital général de Montréal (HGM) fermera ses portes de façon définitive. Pour cause, l’École a vu graduer ses dernières élèves en soins infirmiers en 1972, année où l’enseignement a été transféré aux CEGEPs.

Depuis des décennies, elles sont plusieurs centaines à se regrouper chaque année pour se remémorer l’époque où elles arpentaient les couloirs de l’HGM en se rendant au chevet de leurs patients. Au total, plus de 4275 infirmières ont gradué de l’école de soins infirmiers de l’HGM, de sa fondation en 1890 jusqu’à sa fermeture en 1972.

Certaines se souviennent des règles de conduite plutôt strictes qui les obligeaient à céder leur place en ligne à la cafétéria ou dans les ascenseurs, au profit des hommes médecins et des infirmières graduées. D’autres se rappellent surtout des uniformes amidonnés qu’elles mettaient un temps fou à attacher, mais les souvenirs les plus vifs demeurent ceux de franche camaraderie qui régnait entre elles.

Petite leçon d’histoire

Dès 1890, les premières aspirantes infirmières ont fait leur entrée à l’Hôpital général de Montréal, alors situé sur l’avenue Dorchester (aujourd’hui boulevard René-Lévesque). N’y entrait pas qui le voulait bien! On raconte que le nombre de candidatures excédait largement celui des femmes retenues pour la formation. Les apprenties devaient être âgées entre 25 et 35 ans, remplir une série de critères stricts et réussir une période de probation de trois mois avant d’être officiellement acceptées dans le programme d’une durée de trois ans.

Les horaires étaient rigoureux : les journées de travail reposaient sur des quarts de 12 heures auxquels s’ajoutaient des périodes d’étude. Un peu plus tard, les horaires ont été scindés en quarts de 8 heures, mais la rigueur est demeurée la même.

« À l’époque, nous étions responsabilisées très rapidement, raconte Barbara Arseneau, présidente de l’Amicale de l’école d’infirmières de l’HGM et membre de la cohorte de 1964. Nous couvrions la plupart des horaires, que ce soit de jour, de soir ou de nuit. Pendant les quarts de travail de nuit, c’était bien souvent les étudiantes de troisième année qui étaient responsables des unités. Nous passions beaucoup de temps les unes avec les autres et ça a créé des liens très fort entre les graduées. Et ces liens sont encore intacts aujourd’hui, même après toutes ces années! »

En effet, les étudiantes en soins infirmier étaient appelées à vivre en résidence. Au tout début, elles logeaient en face de l’hôpital, sur la rue Dorchester. Lors du déménagement de l’HGM sur l’avenue Cedar en 1954, leurs quartiers ont été installés directement dans l’hôpital, dans le pavillon Livingston, nommé en l’honneur de Gertrude Elizabeth Livingston, surintendante des infirmières de 1890 à 1919.

Un dernier tour de piste

Bien que l’enseignement des soins infirmiers ait cessé depuis plus de 45 ans à l’HGM, l’association est demeurée active jusqu’à tout récemment, organisant des rencontres annuelles et préservant le souvenir et l’histoire de l’enseignement des soins infirmiers à l’HGM pour que les étudiants et les chercheurs puissent s’y référer.

Le 4 mai 2018, l’association tiendra son ultime soirée de retrouvailles, réunissant au cours d’un même événement, les graduées de toutes les classes. Au Château Champlain en soirée, elles seront plus de 560, provenant des cohortes de 1947 à 1972. Certaines feront le voyage depuis les États-Unis, les Bermudes, le Royaume Uni, l’Allemagne et même l’Australie pour être de la partie et Mme Arseneau annonce fièrement que toutes les provinces canadiennes seront aussi représentées au cours de cette grande soirée d’adieu. 

« Nous souhaitons vraiment que cette soirée demeure inoubliable. Plusieurs surprises attendent les participantes! Nous tiendrons aussi un plus petit événement dans le Salon Livingston le 4 mai au matin afin de lancer les festivités. Comme ce lieu possède une si grande signification pour les graduées, nous ne voyions pas meilleur endroit pour boucler la boucle. »

Soutenir l’enseignement et la recherche

L’Amicale de l’école d’infirmières de l’HGM avait aussi comme mandat d’encourager la relève à poursuivre sa formation en remettant annuellement des bourses d’étude à des étudiants de l’Université McGill et des Collèges Dawson, Vanier et John Abbott. Les infirmières de l’HGM étaient également admissibles à des bourses d’excellence afin de souligner leur apport tant à l’éducation, qu’à la recherche, la pratique et le leadership.

Avant de fermer de manière définitive, l’association souhaitait s’assurer que les infirmières et infirmiers en quête de formation aient toujours accès à des bourses d’étude. C’est pourquoi les fonds restants seront versés à la Fondation de l’Hôpital général de Montréal et à l’Université McGill pour soutenir l’enseignement des soins infirmiers.

Une page d’histoire se tourne cette année et la Fondation tient à souligner l’apport incroyable de l’Amicale de l’école d’infirmières de l’HGM. Votre travail soutenu depuis plus de 100 ans a certainement permis de faire une différence dans l’enseignement des soins infirmiers et dans l’amélioration continue des soins aux patients. Au nom de toute la communauté : chapeau bas mesdames!

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