Postpartum partie 2 : la dépression et l’anxiété périnatale, parlons-en

Même si chaque femme, chaque famille, vit la parentalité de manière différente, je crois que la majorité des nouveaux parents sera envahie par un sentiment commun : l’isolement.

Parce que tout à coup, notre horaire de vie se trouve changé, que l’on se couche tôt, qu’on est fatigués, qu’on ne travaille plus. L’isolement peut aussi venir du fait que nous avons fait des choix qui sont différents de ceux de nos amis en ce qui a trait à l’allaitement, la routine du coucher, l’habillement de notre enfant ou la manière dont on choisit de structurer sa journée.

Quand les émotions sont à fleur de peau comme elles le sont durant les mois suivant l’accouchement et qu’en plus le sommeil vient à manquer, il devient très facile de se sentir isolé ou jugé. Mais je m’adresse à toutes les mères quand je dis qu’il est important de dépasser cette peur et de garder nos liens avec nos proches. C’est ainsi que nous réaliserons que dans les faits, nous sommes tous dans le même bateau.

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Quels sont les signes d'une dépression postpartum?

Comment briser cet isolement?

Tout d’abord, il faut accepter que toutes les familles sont différentes. Il faut arrêter d’essayer d’imposer sa façon de faire aux autres, même si on pense le faire d’une manière bienveillante. Au moment où une personne ne va pas bien, il faut éviter de lui donner des conseils. Cela semble bizarre à première vue, mais c’est pour ça qu’en thérapie on ne donne généralement pas de conseils ou de solutions! Il faut plutôt écouter la personne nous parler de ses enjeux, peut-être lui montrer la situation sous différents angles qu’elle n’arrive pas à voir, l’aider à brainstormer, pour qu’au final, elle prenne elle-même sa décision.

La clé réside vraiment dans l’empathie. S’écouter les uns les autres, prendre des nouvelles de nos amies, nos filles, nos nièces. Ne pas juger leur manière d’aborder la parentalité et faire attention : dans les périodes particulièrement émotives, nous avons tendance à nous refermer sur nous-même. Pourtant c’est la connexion avec les autres qui nous aide à nous sortir de la dépression et de l’anxiété.

L’activité physique est aussi une bonne manière de prendre soin de sa santé mentale. Ça a été démontré à plusieurs reprises et en plus, la course, la marche et plusieurs autres activités peuvent se faire en groupe ou à deux. C’est une belle manière de garder le contact avec ses proches ou de prendre un moment pour soi si vous en ressentez davantage le besoin.

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L’anxiété périnatale : moins connue, tout aussi répandue

Sur la place publique, on parle de plus en plus de dépression postpartum, mais il est encore peu question de l’anxiété vécue pendant la grossesse ou après l’accouchement. Sinon, quand le sujet est abordé, il l’est fait de manière à normaliser le phénomène.

Devenir mère est l’une des transitions les plus importantes dans la vie d’une femme. Il est normal que cela entraîne certains bouleversements. Ce nouveau rôle apporte beaucoup de sens à nos vies, beaucoup d’éléments positifs, mais c’est aussi très difficile pour notre santé mentale! On est comme ça nous les humains, on n’aime pas le changement.

Après la naissance de bébé, on doit tout à coup s’occuper d’un petit être fragile, apprendre à deviner ce que ses pleurs signifient, s’assurer qu’il prenne du poids, qu’il dorme bien, qu’il ne manque de rien. Sans parler de toute l’inquiétude liée à l’allaitement!

S’il est « normal » d’avoir des craintes quand on devient parent, sachez qu’il n’est pas « normal » de vivre avec des pensées envahissantes. Si vos inquiétudes vous empêchent de fonctionner, il est temps d’aller chercher de l’aide. C’est valide pour les nouvelles mamans et ça l’est autant pour leur conjoint(e).

Le portrait que l’on dresse de l’anxiété comme phénomène de société fait que les femmes sont nombreuses à ne pas aller chercher l’aide dont elles ont besoin parce qu’elles se disent qu’elles ne sont pas en dépression, elles ne sont qu’anxieuses. Mais l’anxiété aussi ça se traite! Ce n’est pas parce que de plus en plus de gens en souffrent qu’il faut pour autant vivre avec ses symptômes.

De plus en plus de gens deviennent diabétiques, cela n’empêche pas que chaque nouveau cas de diabète doit être pris au sérieux et traité à l’aide d’insuline (ou du traitement approprié).

Apprenons à identifier l’anxiété périnatale et à offrir des outils à celles et ceux qui en ont besoin. Mon équipe et moi y travaillons justement, grâce au soutien de la Fondation de l’Hôpital général de Montréal.

Comment peut-on aider?

Lorsqu’il est question de dépression et d’anxiété périnatale, deux mots clés sont à retenir : écoute et empathie. À partir de là, vous serez en mesure d’aider la nouvelle maman – et son ou sa partenaire! – de manière beaucoup plus efficace.

Pour se sortir d’une dépression ou d’une période d’anxiété, il faut tout d’abord que la personne reconnaisse qu’elle a un problème. Vous pouvez l’aider en lui mentionnant que vous avez remarqué un changement dans son attitude, que vous vous inquiétez pour elle. Attention de bien choisir vos mots puisque rappelez-vous, les émotions étant plus vives, les réactions peuvent l’être également.

Offrez-lui votre écoute, sans jugement. Abstenez-vous de donner des conseils, soyez simplement là quand elle a besoin de ventiler, d’exposer ses craintes ou même de parler de son enfant de manière positive!

En lui montrant qu’elle peut en discuter avec vous, vous aiderez à briser son sentiment d’isolement et vous renforcerez votre connexion avec elle.

Être à l’écoute, c’est aussi offrir l’aide qui est demandée, sous la forme qui convient le mieux à la personne aidée.

Par exemple, un des premiers réflexes est souvent d’offrir à la mère un temps de repos sans avoir à s’occuper de son enfant. Si l’idée est bonne, elle ne s’applique pas à tous les cas! Certaines mamans voudront plutôt qu’on leur offre du temps pour être avec leur enfant. L’aide proposée pourrait être davantage liée aux tâches ménagères par exemple.

Le plus important, c’est d’être à l’écoute et présent. Et si vous voyez que la nouvelle maman a vraiment besoin d’aide psychologique, vous pourrez aussi la diriger vers les ressources appropriées :

Ligne info social : 811
Son CLSC local et l’infirmière qui est venue la visiter à la maison après l’accouchement
Son médecin de famille
En cas d’urgence : l’urgence en santé mentale de l’Hôpital général de Montréal

La détresse des conjoints : un élément à ne pas négliger

Dépression et anxiété périnatale chez la mère commencent à faire partie du vocabulaire, mais qu’en est-il des partenaires?

Il est vrai que la mère traverse une épreuve qui lui est propre et qui est particulièrement éprouvante : porter l’enfant, accoucher, se remettre physiquement de l’accouchement puis subir les fluctuations hormonales. Tout cela est énorme, mais il n’empêche pas que les conjoints et conjointes peuvent aussi souffrir pendant cette période.

Après tout, leur quotidien se retrouve aussi bouleversé, le sommeil diminué et, dans bien des cas, il ou elle se retrouve à s’occuper d’un enfant en plus d’une conjointe peut-être mal en point ou non disponible émotionnellement.

Le principal conseil que je donnerais serait le suivant, et il s’applique tant aux conjoints qu’aux mamans : soyez à l’écoute de vous-même. Sans cela, vous ne pourrez pas être complètement émotionnellement présent pour votre enfant, votre partenaire et les autres membres de notre famille.

Et puis comme j’expliquais par rapport à l’anxiété, si vos pensées deviennent envahissantes et qu’elles vous empêchent de fonctionner normalement, il est temps de consulter, d’aller chercher de l’aide.

Les recherches parlent de plus en plus de la détresse psychologique des partenaires et je m’y intéresse aussi depuis quelques années. Grâce aux fonds amassés par la Fondation de l’Hôpital général de Montréal, lors de la Course pour les femmes Pharmaprix Aimez Vous, nous sommes entre autres en mesure de développer des outils de dépistage de la dépression et de l’anxiété chez les conjoints et d’offrir des outils de prévention en ligne.

Nous recueillons également des données qui permettront de prouver aux différents paliers de gouvernement que des investissements en santé mentale permettent de réduire les coûts pour le système de santé. Et cela est vrai tant dans le cas des nouvelles mères que de leur conjoint.

Grâce à vous en bref, nous sommes en mesure d’aider encore plus de femmes et d’hommes qui en ont besoin. Avec un peu d’aide et les ressources appropriées, il est possible de surmonter ces épreuves, j’en suis moi-même la preuve. Mon fils a deux ans aujourd’hui et je suis heureuse de dire que sa maman va bien, qu’elle prend goût à la vie, au travail comme à la maison.

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– Dre Vi Nguyen